France Prévision d'une abondante récolte de blé en 2005

Cette estimation - alors que la récolte est bien avancée au sud de la Loire et débute au nord - est presque au même niveau que la récolte de 2004 (37,5 millions de tonnes) et proche du record historique de 1998 (38,3 millions), malgré la sécheresse qui sévit dans de nombreuses régions. A moins "d'incidents climatiques majeurs", la récolte 2005 sera largement supérieure à celle, très mauvaise, de 2003 (29,2 millions de tonnes), l'année de la canicule, estime l'Onic.

Mais cette bonne moisson risque d'aggraver le niveau des stocks français qui se montent pour le moment à 4,3 millions de tonnes. Les exportations pour la campagne 2004-2005 (1er juillet-30 juin) ne s'étant élevées qu'à 15,5 millions de tonnes (dont 8,5 Mt vers les autres pays de l'Union européenne et un décevant 7 Mt vers les "pays tiers"). "C'est maintenant qu'il faut exporter car il y a une concurrence exacerbée sur les marchés.

Il faut faire vite avant qu'arrive la production des pays de la mer Noire (Russie, Ukraine et Kazakhstan, ndlr) qui s'annonce aussi abondante qu'en 2004", a déclaré Bruno Hot, le nouveau directeur général de l'Onic. La situation sur les marchés exterieurs risque d'être d'autant plus tendue que la Chine, devenue le premier acheteur mondial de blé, devrait avoir, avec des achats estimés à 6 millions de tonnes pour la nouvelle campagne, "un peu moins de besoins que lors de la dernière campagne", selon M. Hot.

En avril dernier, le Premier ministre d'alors Jean-Pierre Raffarin avait signé avec les autorités chinoises une lettre d'intention portant sur l'achat de 500.000 tonnes de blé français pour 100 millions de dollars (environ 77 millions d'euros). "Le gouvernement a ouvert la voie, c'est maintenant aux opérateurs de réaliser des accords", a souligné M. Hot.

Pour le nouveau président du conseil central de l'Onic Rémi Haquin, "le pire scénario serait une diminution de la production céréalière en Europe", après la réunion de l'OMC à Dalian (Chine). Les 32 ministres du Commerce réunis mardi et mercredi ont adopté une proposition du groupe G20 des pays en développement qui définit un cadre pour négocier une baisse des droits de douane sur le commerce des produits agricoles.

Pour les responsables de l'Onic, le risque est, en cas de forte diminution des barrières douanières, de voir arriver "sur le marché européen des blés de qualité moyenne" alors que les pays de l'UE pourraient "contribuer à l'accroissement prévu de la demande mondiale au cours des prochaines années". D'autre part, la récolte d'orge française devrait atteindre en 2005 10,5 millions de tonnes contre 11 millions en 2004 et celle de blé dur 2,0 millions de tonnes, très proche du record de 2004 (2,1 Mt).